Un sabot est une chaussure taillée dans un seul morceau de bois dont le creux épouse la forme du pied.
Le sabot n'apparaît selon de nombreux spécialistes qu'entre 1480 et 1520 et il connaît un rapide développement populaire au
siècle de la Renaissance dans la France du Nord, de l'Ouest, de l'Est, en Flandre et aux Pays-Bas, dans les pays rhénans et
mosellans, se diffusant sur la façade du Nord-Ouest de l'Allemagne jusqu'au Danemark.
En raison du caractère à la fois noble et rustique de cette chaussure, il existe une grande variété de paires de sabots, des plus
luxueuses au plus simples ou grossières, des plus esthétiques par leurs formes ou leurs dessins aux plus techniques ou pratiques
par leurs usages. On retrouve de nombreuses expressions paysannes où sabot et pied sont synonymes en termes de mesure.
Mais après le siècle des Lumières, le sabot ne chausse plus que les populeuses contrées paysannes. Le mot sabot est même
considéré comme péjoratif par l'Académie en 1835[réf. nécessaire]. Mais la trilogie des chaussures paysannes, le sabot pour une
marche lente ou une tâche déterminée, la galoche pour les parcours plus longs et les souliers pour assurer une allure vive, n'a pas
cédé à la mode urbaine. C'est le nostalgique souvenir de ces hommes et femmes paisibles ou joyeux en sabot qui maintient
l'attachement à cette chaussure, à l'histoire connotée.
Le sabotier est un artisan du bois qui a quasiment disparu avec la fin de la civilisation de l'attelage et son monde paysan.
À l'exception de quelques ateliers équipés de machines et à vocation essentiellement touristique en France et aux Pays-Bas,
les dernières saboteries ont fermé leurs portes au lendemain de la seconde guerre mondiale, après avoir connu un regain
d'activité durant le conflit.
Le terme sabot, dans le sens de « chaussures », apparaît assuré dans la langue française au xvie siècle. Que les lointaines
origines des mots associés au sabot soient méconnues n'est qu'un détail, mais la pluralité des sens anciens rend impossible
de fixer avec précision la date de naissance du sabot. Son origine avant les Temps modernes reste en partie obscure. Le mot sabot
provient, selon les linguistes, de l' ancien français sabot ou Çabot, terme du xiie siècle. Au delà, il provient de la combinaison de savate
et de l'ancien français bot, masculin de botte, c'est-à-dire une chaussure montante. Savate proviendrait de l'arabe sabbat, qui désigne
une danse bruyante, tournoyante ou en toupie.
En tous cas, l'italien Ciabatta et l'ancien provençal sabata sont des formes attestées. Un sabot bien fixé au pied ou une savate permettent
d'accomplir des danses rituelles, fort savantes et tournoyantes. Il est aussi évident que la marche heurtée comme la danse sur une surface
dure génèrent des chocs audibles, ce qui a engendré un synonyme par onomatopée, esclot, esclomp, sclump1. Le sabot se nomme encore
en occitan « esclop », en néerlandais « klomp », en allemand « Klump », en alsacien « Klumpe », en suédois « klompa »
Le sabbat mythique des sorcières est bien une danse bruyante3. Sabot ou Çabot a aussi désigné longtemps une toupie actionnée par
une ficelle, puis prenant un usage technique, il a désigné une pièce de bois qui, placé opportunément devant et sous les roues, transforme
le roulage circulaire en traînage rectiligne.
Le verbe saboter en ancien français tardif du xiiie siècle signifie « heurter ». Il prend d'ailleurs le sens de secouer en français entre le seizième et le dix-huitième siècle. L'occitan sabar, qui veut dire frapper sur le bois pour en détacher des morceaux, vient du mot saba, « sève », car le sens premier est frapper sur le bois à la montée de la sève pour en détacher l'écorce4 (une comptine très répandue accompagnait cette opération, pratiquée par les enfants pour fabriquer des « trompettes » en écorce). Le verbe est très proche de l'ancien français. Dès 1838, saboter prend son sens actuel, saboteur étant employé depuis deux ans5. Le mot sabotage qui n'apparaît qu'en 1842 est vulgarisé par le dictionnaire de Pierre Larousse après 1880. Le sabot deviendra le symbole des anarchistes. D'après la tradition des typographes, le mot sabotage viendrait du fait qu'un vieux sabot était accroché dans les ateliers d'imprimerie, et on y jetait les caractères de plomb déformés ou inutilisables pour une raison ou pour une autre.
Le mot sabotier n'apparaît dans les textes que tardivement au seizième siècle. Il ne faut pas le confondre avec le sabatier en languedoc qui est à la fois un savatier et un cordonnier.
François Villon est le premier à utiliser le terme sabot, en 1512, dans sa Ballade de la Grosse Margot, qui parle d’un quartier mal famé de Paris, dans la Cité. Un peu plus tard, Rabelais cite cette nouvelle chaussure dans Pantagruel (chap. XXII) : Panurge, le professeur de Pantagruel, décrit les sabots portés par la dame de ses pensées. Et la coquette héritière Anne de Bretagne, épouse successive de deux derniers rois valois de France, Charles VIII et Louis XII témoigne de ce premier essor populaire par son sobriquet. Cette reine de France, était surnommée par les impertinents Parisiens « la duchesse en sabots ».